La Sainte Cité de Tawatsé [Annexé]

Dans les montagnes de Tshori, logé dans les falaises, se dressait la petite cité de Tawatsé. Elle se composait d’un peuple d’éleveurs et de moines. Ce peuple des montagnes n’était pas attaché au bien matériel, ainsi chaque chose appartenait à tout le monde et à personne. Le fait qu’ils fussent peu nombreux leur permettait de vivre comme une grande famille qui partageait tout : les repas se faisaient ensemble, comme la plupart des corvées de la journée, lorsqu’il fallait nettoyer ou ranger on ne s’occupait pas que de ses petites affaires, les enfants étaient élevés par tous les habitants du village et tout le monde s’activait pour rendre la vie à Tawatsé joyeuse et agréable.

De hauts temples s’élevaient vers le ciel tandis que les paysans amenaient les alpagas paitre dans les pâturages des montagnes. Les habitants de Tawatsé étaient connus pour leur bonne humeur et leur franchise ; ils ne se fâchaient jamais considérant qu’il s’agissait d’une perte de temps. Partout dans le monde les commerçants cherchaient à se procurer leur laine et faisaient des kilomètres pour venir leur acheter manteaux, écharpes, couvertures à un prix exorbitant, et qu’ils revendaient ensuite une fortune aux nobles des quatre coins de Kissam. On y trouvait, outre la laine d’une qualité excellente, des ardoises et des œuvres d’art d’une très grande beauté, ainsi qu’une immense panoplie d’épices de toutes sortes (ainsi qu’une bière confectionnée par les moines à l’arôme jamais égalé, et accompagnée par des plats traditionnels composés de produits d’une grande qualité, ce qui était l’occasion pour les commerçants de passage de s’en mettre plein le ventre !).

La ville était gérée et encadrée par un groupe de moines qui s’occupaient également de l’entretien des temples. Ils racontaient qu’ils avaient été érigés par une race de géants qui en avait fait cadeau à leur Dieu Unique qui leur avait donné la mission de toujours rendre les lieux chaleureux et accueillant. Ainsi, on s’émerveillait devant la magnificence des tapisseries et des mosaïques ainsi que de la taille imposante des édifices et des centaines de portes et de fenêtres hors normes qui s’ouvraient sur des couloirs aux toits immenses, des jardins labyrinthiques et des milliers d’escaliers qui donnaient sur les étages supérieurs tout aussi gigantesques et semblant se perdre dans les nuages.

Il s’agissait ainsi d’un lieu unique qui avait éveillé la convoitise du gouvernement de Kissam. N’étant pas un peuple de guerriers mais plutôt des gens pacifiques, les tawatséïens s’étaient rendu sans conditions. Depuis, la présence des garnisons de l’Empire, qui avait à mainte reprise fait couler le sang, commençait à modifier les coutumes de ce peuple pour les faire ressembler à celles de Kissam. Leur sourire s’était peu à peu évanoui au fil des années, les temples où brûlaient jadis des milliers de flambeaux s’étaient éteints au fur et à mesure, les tapisseries furent arrachées, les coffres pillées pour soutenir les efforts de guerre de l’Empire. Les pièces devinrent froides, abandonnées des moines qui avaient rejoint le reste de la population malmenée par les soldats dont les coutumes étaient trop différentes des leurs.